9 Atteinte à la sûreté de l’Etat

TABLEAU  1

Scène première

Le son grave du djembé retenti dans la profondeur de l’aube naissante, le batteur voltige avec son instrument comme pour alerter sur une apparition incertaine, la lumière frémie et une lourdeur se sent dans l’atmosphère.

Le griot : Assallamou alleykoum (3)  casamance dingllou : a dingding keba, a moussou kaffou ké , allountan adourring , casamance tilli dji tilli bo ,a boullou ba anni marra : fanno gnin maketta all ma tignanna kaiiraa ; tessito watto siita , hakilo soussa watto siita

Scène deuxième

l’aube s’est installé enfin, le chant du coq se faite entendre, le muezzin appel à la prière du fadjr et la cloche de l’église sonne,

L’iman sort de chez lui avec son chapelet et croise l’abbé du village allant à l’église.

L’iman : mba jaamm nga fanané.

L’abbé : jamma rek mon frére,

L’iman : assamane bi xiin na dé !

L’abbé : wayé nagnou sante yalla ndakh xeeweul kessé la.

L’iman : kon nagnou yendou jamm.

Scène troisième

la lumière s’éclaircie le jour commence à peine à s’installer, au son du djembé, la femme mère de l’humanité arrive avec son calebasse rempli de mil céréale symbolisant  l’espoir et la vie, le pilon tenu fermement, Elle pose la calebasse par terre, relève le mortier, elle y verse le mil et commence à piler malgré la douleur ressentie au niveau de son ventre qui porte l’espoir.

Mère : cono goudi ak becek yalla loumou tegue domou adama mou nangou ko

Un pécheur avec son épervier progresse au son du djembé vers le fleuve pour trouver le poisson qui devient rare depuis de longue   période. Son visage est crispé, l’air grave il n’est pas sure de trouver ce qu’il est venu chercher sachant que sa famille l’attend pour se nourrir.

Le pécheur : chaque  matin le berger conduit son troupeau vers les herbes fraiches.

Chaque matin le chasseur munit de son arc et de ses flèches traque le jubier dans la savane.

Je suis pêcheur, chaque matin je vais à la pêche au fleuve et chaque matin je reviens bredouille, quant sera-t-il encore ce matin ?

Trois femmes d’Afrique en tenue de travail progressent au son du djembé dispersant les grains de riz dans la rizière dans un mouvement coordonné avec une chorégraphie d’ensemble.

CHANT : demboo baar ba lé  baar bé loogninoo

           Ntell tata ndène ya, ndène yyatta mandiaa

         Gnaattara sampa diouni boyetta gnagillo mba koumballintoo korrossi kounool mbé sounna fèè too

       Mbakoo mballou mbé loo gninolla

Trois hommes du monde font la même progression dans la scène avec leur kadiendou pour enlever la mauvaise herbe qui empêche la croissance du riz semé par les femmes.

CHANT : demboo baar ballé 

Un homme en chemise cravate et thiaya avance avec ses diplômes qu’il exhibe comme un trophée indésiré pour chercher un éventuel poste de travail dans un atmosphère de crise de valeur et économique.

Le diplômé chômeur : moi j’ai pas appris a pêcher, ni a cultiver la terre ni même couper le bois, j’ai toujours étudié et voila tous mes diplômes et cela fait dix ans que je cherche du travail, mais la bas on me dit que le gouvernement va bientôt lancer des projets qui n’arrivent jamais ; qu’est-ce qu’il faut faire ?

Un soldat et un indépendantiste sortent simultanément dans deux coins différents et chacun essai de trouver l’autre dans le but de se livrer bataille.

Un moment, la femme porteuse de l’espoir lance un cri qui fige l’action de tous les acteurs qui se demandent d’où peut bien sortir ce cri.

Les femmes d’Afriques accourent vers elle et la couvrent d’un pagne blanc en formant un triangle autour d’elle et les hommes du monde font de même pour former une protection autour d’elle.

Les femmes d’Afrique : allibo, allibo, allibo une femme en détresse, un accouchement …

Le soldat et l’irrédentiste s’approchent et commencent à protéger cet espoir en oubliant aussitôt leurs personnes pour donner leur protection à cet enfant d’espoir que tout le monde croit être le fédérateur, l’espoir pour la paix et le développement.

Le son du djembé s’est estompé, l’atmosphère s’alourdie et les visages se font plus grave, comme si une incertitude sur l’avenir s’annonce pour les populations.

La femme porteuse met au monde un enfant, le premier cri de l’enfant, la lumière vacille et s’éteint, les gens veulent voir : serait-elle qu’une lueur d’espoir ? Mais rien ne pointe à l’horizon,

Un brouhaha se fait entendre au sein de la population.

Le pécheur : que s’est- il passé … l’espoir est-il désespérant… quoi que de se morfondre dans l’incertain, je refuse d’y croire  di na bakh oui dina massa bakh.

L’homme aux diplômes : dou bakh ba mouk, même la lueur d’espoir s’en est allée, ou allons nous trouver un grain de réconfort, les dés sont déjà jetés voilà notre destin : vive l’ignorance dans l’amertume, vive la désolation dans l’incohérence. Je m’efforcerais de sourire, sourire pour survivre, survivre pour comprendre que mon destin j’avais le devoir de le destiner.

Dès que sa phrase se termine le deuxième cri de l’enfant retenti et rempli de bonheur l’atmosphère qui se reflète sur les visages des populations hésitantes de cette clarté soudaine amenée par le cri de l’enfant espoir.

Les visages se décrispent, la joie se lit dans les sourires des uns et des autres et la vie redonne goût à l’espoir,

Une femme fée chanteuse arrive et entonne une chanson : 

ding hoo,

ding hoo,

ding kharra mba dondillé hoo,

ghoo sarro mbeng dondilla.

L’enfant est présenté à toutes les populations qui ont retrouvé la joie de vivre et l’espoir permis.

L’irrédentiste : j’ose croire que mon destin est le sien et que désormais l’espoir est permis, je voudrais, soldat, vous confier ma protection pour que je puisse œuvrer pour développer mon terroir,

Il tend son arme au soldat qui le prend et lui donne le kadiandou.

Le soldat : à moi la protection des biens et des personnes et à vous le développement, travaillons pour amener notre nation dans le concert des nations développées.

La fée revient avec une belle mélodie :

Casamance

oh Casamance

Prions Casamance

La paix en Casamance

Casamance

oh Casamance

Prions Casamance

La paix en Casamance

La mélodie continue

Un tiers : Nos enfants ont fini de tomber,

nos femmes ne peuvent plus aller dans les rizières,

ne peuvent plus aller cultiver le riz dans nos rizières.

Nos vieux ont tous disparus.

Quand est ce qu’elle finira cette guerre?

On le dit en Oulof, en Peulh, en Diola, en Serer, en Mandingue etc. 

Silence. 

Tout le monde se crispe et l’enfant cri de nouveau et les gens commencent à danser, chacun comme il le peut, c’est la fête.

DERNIER TABLEAU

 

L’arrestation musclée des comédiens par les gendarmes par suite de la plainte du maire de la commune.

On appelle les comédiens un à un pour faire leurs Procès-Verbaux

La notification des charges :

Vous êtes inculpés 

d’Atteinte à la Sûreté de l’Etat 

et Incitation à la Violence en Casamance! 

La Fin